Description
La violence occupe une place paradoxale dans le bouddhisme tantrique tibetain. Alors que l’imperatif ethique de ne pas nuire aux etres est absolument central, l’activite rituelle comporte une face beaucoup plus sombre, une face de pouvoir et de violence: celle du repoussement et de la destruction du mal. Toute une machinerie rituelle est deployee pour ecarter ou tuer des demons hostiles, voire des ennemis aux contours vagues – la magie noire n’est pas absente. De terribles divinites protectrices sont incitees a tuer, a battre, a reduire en morceaux… Comment comprendre l’importance de cette modalite violente dans le contexte bouddhique ?La question est d’autant plus intrigante qu’il existe un type de specialiste religieux tibetain fortement associe a ce versant problematique du domaine rituel: le ngakpa, ou tantriste. Contrairement au moine, ce religieux specialise dans les rituels tantriques ne prononce pas de voeux monastiques. Qui sont les tantristes, et comment comprendre qu’un specialiste bouddhique soit associe a l’exercice de rituels violents ? Pour repondre a cette interrogation, l’auteur nous fait decouvrir une communaute villageoise de tantristes situee dans la bordure himalayenne du monde tibetain, dans une haute vallee du nord du Nepal. Le regard anthropologique porte sur ces religieux et leur societe, sur leurs rituels et leurs questionnements ethiques permet de faire emerger des elements de coherence qui sous-tendent l’association des tantristes a des rituels de violence. Cette contribution importante a l’anthropologie du bouddhisme tibetain apporte un eclairage nouveau pour penser la violence de l’exorcisme et, a travers la dualite du moine et du tantriste, les champs religieux marques par la presence de differentes formes de specialisation religieuse.
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